N°73 : SAMEDI 13 AOÛT 2016

EDITO

Ce Banquet 2016 restera aussi celui où la littérature a retrouvé sa place, d’importance, à hauteur de la philosophie. Christophe Pradeau, écrivain habitué de ces rencontres, qu’il suit cette année depuis les rangs du public, le soulignait hier matin, en ouvrant le Café Rebond avec Marielle Macé. La topographie qu’elle installa, jeudi, au début de son intervention, et dont nous proposions un extrait hier ici même, jouait aussi avec cette idée du territoire et de la place que l’on alloue à chacun : la littérature donc à égalité avec la pensée théorique. On peut dire les passions sans pour autant oublier le souci du monde. La vérité, c’est que les romanciers que nous avions conviés cette année étaient à la hauteur de cette exigence là. Arno Bertina, Emmanuel Ruben, Gwenaëlle Aubry ou Valérie Zénatti relancèrent, chacun à sa manière, la réflexion autour du thème des frontières et des Border-land, intimes et politiques. Jusqu’à la lecture de clôture de Patrick Autréaux, qui rejoint à haute voix la poétique du monde…

Ronan Barrot, Larivoisière, 2009

Ronan Barrot, Larivoisière, 2009

Il restera tout ça de ce Banquet, dont vous retrouverez bientôt en ligne l’intégralité des conférences en accès libre. Mais il restera aussi, traditionnellement, ce chapelet d’images légères, d’émotions, de bruits, et ces voix, qui vont nous accompagner tout l’hiver :

Les lectures du soir. Quand on va s’y abandonner, sans inquiétude. La langue vient vous chercher : les mondes littéraires se laissent partager sans enjeux. On est plein de tout ce que la journée vous a amené de voix, d’idées, de concept nouveaux et de surprises. Mais on sait qu’ici, rien ne vous cherchera des noises. Texte et voix, purs. / Le village qui continue à respirer, derrière les conférenciers. En écoutant les voix de Rousseau, de Descartes, de Proust ou de Balibar (plusieurs fois cité cette année), on considère, rêveur, La file des gosses qui attendent leur glace en sautillant devant la minuscule vitrine du Récantou ; un lagrassien qui rentre en vélo du jardin, un bouquet de salades sur le guidon ; deux amoureux ; une famille qui remonte de la baignade, un crocodile gonflé sous le bras ; Myriam qui étend ses draps au balcon de la grande maison… Mais aussi la garrigue brûlée par le soleil, au dessus du village, sur les crêtes de Cagalière. Le trait de pinceau des cyprès qui se serrent en petits rangs de soldats maigres. La chevelure mêlée des chênes verts qui s’affole les jours de vent, comme des hippies sur un dancefloor… / Les rebonds du matin : on arrive, à 9h30 sur la terrasse de La Petite Maison – la vérité nous oblige à dire qu’on n’est pas toujours très frais, ni clair – et en une seconde, dès que l’invité du jour prend la parole, on y est. L’esprit s’époussette lui-même, et on se surprend à déjà réfléchir… / Le temps particulier de la librairie. On entre, et inconsciemment, on change le rythme de sa marche, le ton de sa voix… On glisse le long des tables, des livres, des mondes et des rêves. / La centaine de personnes qui suivaient chaque midi la retransmission audio des Conversations de Patrick Boucheron, installées dans la salle de cinéma, par faute de place dans le cloître. Lorsqu’il termine, et qu’il remercie, ils applaudissent chaleureusement eux aussi, alors qu’ils savent, tous, qu’il ne peut pas les entendre… / Le fracas, les grincements, les coups de boutoir du chapiteau, toute la semaine, sous les assauts du vent. Comme une voile gonflée qui claque au passage d’un cap.

Enfin les enfants, jamais rassasiés, jamais accablés, qui rajoutent à la terrasse du bistro, sur la pelouse du restaurant, les notes irremplaçables de leur magnifique désordre. Gardez-nous des âges strictement partagés, s’il vous plaît, laissez-nous toujours les enfants !…

 

à très bientôt

 

DERNIER JOURNAL

Mélanie Traversier a magnifiquement lu, dimanche dernier, des textes de Stefan Zweig sur les apatrides. Nous lui avons demandé, pour clore cette série du Banquet d’été 2016, de tenir son journal du dernier jour…

 

10 heures. Bien qu’aveugle, je vois à l’heure violette.

Certains ont déjà rebondi en la compagnie virtuose de Marielle Macé et Christophe Pradeau. D’autres, encore plus matinaux, se sont élancés à l’assaut des collines, dans les pas entraînants de Catie Lépagnole. Et voici que le genre s’invite au Banquet.

Atelier_grecLa scène se passe dans le préau de l’école. Nous faisons face à un chapiteau de clowns, un ours nous regarde goguenard. Un marsupilami singe nos mines, quand un léopard nous nargue. Devant ce décor imaginé avec hardiesse par les élèves d’Anne et où nature et culture se taquinent joyeusement, Dominique Larroque nous rappelle un autre horizon, un ὁριζω (horidzo) plus insaisissable qu’il n’y paraît : la ligne qui trace la limite, la frontière entre le masculin et le féminin, entre le supposément viril et le communément inconstant. Oui les Grecs étaient misogynes, oui Athénée de Naucratis désignait les femmes comme des fauteuses de guerre, pire comme des briseuses de lignée, oui Xénarchos enviait le bonheur du peuple des cigales car « leurs femelles n’ont pas de voix ». Mais des brèches entaillent aussi cet horizon conflictuel trop rapidement dressé. Et voici que Dominique entrelace trois mythes grecs qui s’émancipent des assignations sexuelles et sociales : les Amazones, cavalières et guerrières ; Athéna, « la divin », qui dé-casquée, désarmée et baignée, s’enduisait le corps, non de féminins parfums venus d’Orient, mais d’huile d’olive, comme les athlètes faisaient luire leurs puissants membres à Olympie ; Tirésias, puni de sa curiosité, devenu aveugle et femme, cet homme voyant qui sait enfin ce que c’est que d’être une femme, ce « vieillard aux mamelles ridées ». Dans cette cohorte transgenre surgie de l’Antiquité, je glisserais bien aussi la « farouche Atalante », défiant les lois de son père et des hommes, bravant les Dieux en cédant à son désir pour Hippomène dans l’enceinte d’un temple, rivalisant d’audace aux côtés de Jason.

On the Road

Songeant à cette frontière plus mobile qu’épaisse entre masculin et féminin, l’âme revigorée dans ce dialogue avec les Anciens, il est temps d’aller acheter la presse du jour. Car cette année encore, « on capte mal ».

Chemin faisant, rive droite, dans l’hyper-centre lagrassien, on croise une circassienne que certains connaissent sous le nom d’Adrienne, un brocanteur jovial mais qui garde jalousement son tire-ligne à partitions, un comédien-cinéaste fantasque et dégingandé dont les origines polonaises ne masquent plus les accointances rastafari. Place aux informations. Car le monde ne s’arrête pas au pied de Charlemagne. Il y a des nouvelles, des nouvelles funestes, des accablantes et incendiaires. Elles sont aussi sportives et quoi qu’on en dise, elles nous disent aussi beaucoup de la frontière, de certaines frontières, de celles qui séparent encore. Simone Biles est championne olympique. On sait beaucoup d’elle car la modernité aime encore se fabriquer des héros et les dénuder pour les Tirésias que nous sommes : américaine, 19 ans, 1m45, 47kg, une gymnaste hors-du-commun et déjà au sommet de l’Olympe, fille de toxico, élevée par sa grand-mère. J’oubliais, elle est noire. Léonie et Madeleine remarquent qu’il n’y a pas beaucoup de noirs au Banquet. Tiens, encore une frontière, involontaire certes mais insistante.

Café Rebond : Christophe Pradeau et Marielle Macé au cœur de la terrasse...

Café Rebond : Christophe Pradeau et Marielle Macé au cœur de la terrasse…

12h20. Passage d’un pont.

Un cortège automobile me surprend, à peine arrivée sur l’autre rive. L’œil paparazzo y repère furtivement Dominique Sigaud, souveraine au volant, accompagnée de Patrick Autréaux dans le rôle décisif et serein du copilote. Derrière, trois passagers, trois enfants… euh non trois Auteurs. On dirait bien qu’ils filent déjeuner à Verdier, dirait le commissaire Vuillard. Ils sont suivis par un second véhicule, plus flambant que la camionnette le précédant, celui de Jean-Pierre Olive.

Poursuivons. Passons le portail de l’abbaye, celle qui est ouverte au monde. Et déjà se dressent les belles tablées. Sophie Maillard orchestre la présentation des desserts qui s’annoncent évidemment savoureux. Les toiles colorées laissent parfois entrevoir la virevoltante escadre de Thibault Olivier. Entre amateurs de café mal réveillés, et thuriféraires de l’apéro dès potron-minet, l’équipe du bar fait, magnanime, preuve d’une admirable bienveillance. Aujourd’hui, le vent mauvais a plié bagages. Ceux qui flânent peuvent quand même saisir au vol quelques scènes cocasses. Celle-ci par exemple : le si géant Franck Teysseyré et le gars, plus trapu, qui doit intervenir à 12h30, se laissent dépasser, enquiquiner par un micro récalcitrant, obligeant le premier à s’agenouiller aux pieds du second, le second à se dépenailler tout bonnement. Cela fait tout de même mauvais genre. Du côté des livres et des refuges qu’ils nous offrent, des records de vente s’apprêtent à être battus. Sur le coup de 13 heures, il faudra être prêts, prêts à repréciser les titres, guider vers les bonnes tables, consoler les lecteurs frustrés devant un rayon déjà dévalisé par plus rapides qu’eux, savoir les orienter vers d’autres voix, d’autres mots. C’est qu’avant, il y a le dernier épisode de la saison 6 des « Conversations ». On y cause aussi littérature. Un mur de pierre sépare un cloître qui n’en est pas un, et un cinéma qui n’en est pas un. De part et d’autre, celles et ceux qui puisent au Banquet, d’un atelier l’autre, d’une conférence l’autre, de quoi penser, de quoi faire, de quoi « faire mieux ». Car dans l’impénétrable forêt de chemins qui nous perd, il y a des clairières à découvrir, à explorer, à élargir, pour repousser les lignes de fracture qui nous travaillent, ou tout au moins apprendre à les nommer et à les faire vaciller. On est en bonne compagnie pour réapprendre à faire récit et à faire récit commun : Elisée Reclus, Nicole Loraux, Malcolm Lowry, Victor Hugo, Vladimir Nabokov… sont aujourd’hui de la partie. Un petit farceur, un dénommé Confucius, s’est invité à leur banquet.

ChapiteauL’après-midi, cet après-midi

Ou cet art lagrassien de réinventer les dilemmes : baignades dans la rivière ou bains d’intelligence. Comme ici on se rappelle qu’il ne faut renoncer à rien, à ne renoncer à aucune exigence, on ne tranche pas. On choisit de perler les baignades de lumineux temps de réflexion, et réciproquement. Il me faut expliquer aux enfants que, certes, Gilbert, le fameux crocodile gonflable, a de fort sympathiques crocs, mais qu’il m’importe aussi d’écouter Pascal Ory (« oui, notre voisin de la rue des Cancans ») et Gilles (« oui le papa de Ben, Noémie et Zach »), et que promis on se replongera dans les plaisirs aquatiques dès que l’esprit sera satisfait, ré-alarmé, ré-armé. Ce fut fait. L’un puis l’autre remuèrent nos certitudes, en désordonnant le cours des discours, de ce qui depuis quelques jours pouvait aussi trop nous rassurer en questionnant ce qui dans la séparation, dans ce qu’elle a de nationale aussi, peut relier, et ce qu’il y a d’excluant dans ce qui semble trop sûrement faire communauté. Le premier, fin gastronome, dit : « je me permets de mettre les pieds dans le plat et de les remuer un peu au-delà de la mesure ». Quant au second, il nous invita à refuser le ragoût des éloquences faciles et dit l’éloge de la parole se faisant. Les « petits hommes » ivres de leur logos narcissique en prirent, au passage, pour leur grade. Puissent-ils se reconnaître ! On peut toujours rêver. En attendant, je re-mets dans ma besace ces impératifs : ranimer la langue, faire vivre les textes, en un mot « penser ».

Au fait, j’ai failli oublier ; ma chanson du jour débute par ses mots : People are strange, when you’re a stranger.  

19 heures et des poussières.

L’heure du rappel à l’ordre. Des plongeons recommencés. Mais d’autres rebonds sont possibles. Oui, c’est l’heure de l’épreuve de trampoline à Rio, me dit-on d’une double voix enfantine, glissée dans mon oreillette. Et aussi des valises à refaire, mais bon, elles attendront.

20 heures 15 Le Banquet, last but not least

Συμπόσιον – symposium, si bêtement traduit en « colloque » dans la navrante novlangue universitaire. Quelle trahison, car il s’agit d’abord de dire le plaisir de manger, boire et penser ensemble. De créer, même furtivement, des espaces délibératifs, d’éprouver le risque du désaccord, en toute commensalité. On en redemande.

Ultime coup d’œil vers les cieux de la nuit tombée, quelques minutes avant la lecture du Grand Vivant.

Et voici qu’avec les naïfs élèves d’Hypatie, je me demande : « mais pourquoi les étoiles ne tombent-elles pas du ciel ? ».

 

Mélanie Traversier

 

 

TOMBÉ DU CAMION

par Antoine Beauchamp et Lina Mariou

Et en bonus, retrouvez ci-après la réponse de l’énigme des libraires, posée dans le n°69 (voir l’énigme)

SEPT VARIATIONS LEVINASSIENNES

Par Gilles Hanus

 

7- Le saint

Le désir métaphysique n’invite à aucune installation dans un grand Tout, à aucune fuite dans un arrière-monde – deux modalités de l’existence religieuse. Participation extatique à la totalité (absence totale de séparation) ou fuite mystique hors du monde (absence totale de proximité) : le sacré ne propose d’autre rapport à son objet – le numineux, le mystérieux – que la fusion ou la contemplation. On s’abime en lui, on s’y perd ou on s’y complaît.

L’horizon du saint est, selon Lévinas, tout autre, qui implique d’emblée le refus de la complaisance, la rupture avec les charmes de la participation, l’émancipation du sacré. En ce sens, la sainteté vise un rapport irréligieux avec l’infini, « objet » du désir métaphysique. Un tel rapport passe par l’étude d’un dire, qui est celui de la révélation – étude elle aussi infinie car la seule façon de ne pas faire de la révélation un texte sacré consiste à lui rendre, par cette étude incessante, son caractère in-fini. L’étude n’est pas la pieuse répétition du dit, du contenu de la révélation comme le croient ceux qui cherchent à noyer leur vacuité dans la parole d’un grand Autre, mais une tentative constante de renouvellement d’un sens qui nous précède mais ne nous écrase pas pour autant. Ce renouvellement, quelle que soit la saveur de notre existence, qu’elles qu’en soient les péripéties, nous incombe. Personne ne saurait faire preuve d’intelligence à notre place : telle est la face lumineuse de notre solitude fondamentale.

FEUILLETON

Le 28 juillet dernier, on célébrait le soixante cinquième anniversaire de la Convention de Genève, et les réfugiés n’ont jamais été aussi nombreux, aussi perdus sur les chemins du monde.

Au cœur du village de Lagrasse, sur la petite place de la Bouquerie, un centre pour demandeurs d’asile accueille, depuis plus de trente ans, toutes les misères du monde.

Nous terminons aujourd’hui ce feuilleton avec un article très historique sur les rapports des lagrassiens avec leurs étrangers. Avec eux-mêmes ?…

Pibouls

NOS ANNÉES CINÉMA

Jacques Rivette est mort le 29 janvier 2016, après une œuvre déterminante pour le cinéma français contemporain. Hier, Jean-Louis Comolli et son atelier matinal lui rendait hommage, avec la projection du Pont du Nord, un de ses films majeurs.

Aujourd’hui, Christian Thorel, notre libraire et ami, cinéphile de toute la vie, revient sur cette disparition.

(cliquer sur la photo)

Jacques-Rivette1

UN POULET POUR LE BANQUET

par Dominique Larroque-Laborde

 

Le polar, lecture de l’été ? C’est vrai pour beaucoup de gens, qui cherchent un peu d’évasion tout en restant au coeur des problématiques sociales et politiques du temps. Dominique Larroque-Laborde nous offre sept portraits d’enquêteurs cabossés, qui exercent autour de la Méditerranée…

 

(7) : Burçak abla

 

– Votre club est très sympathique, me dit-il. Il y a une ambiance qu’on ne trouve pas ailleurs.
Ça signifiait, en fait, que c’était un endroit nul ou à la limite du supportable. J’avais déjà eu droit à ce type de compliment auparavant.

Il est temps de boucler la boucle. Partis d’Athènes pour faire le tour de la Méditerranée, nous revenons par Istanbul…

MehemetKostas Charitos y avait jadis rencontré (1) un jeune collègue turc fort sympathique et efficace, mais à l’heure actuelle il doit être sous les verrous, ou exilé en Allemagne…

Alors, nous prendrons Burçak, un jeune et bel informaticien, pour enquêter sur une série impressionnante de meurtres qui semblent signés par un serial killer.

– Ah ! la barbe, vous entends-je déjà ronchonner, encore une enquête par ordinateur, sur les forums internet ou dans les fichiers du FBI, avec un tueur qui joue à cache-cache sous le pseudo de Chaperon rouge ou de Barbe-Bleue, et un enquêteur geek qui va manger des pizzas collé à son ordi pendant 240 pages !

Vous n’y êtes pas du tout ! Car Burçak, qui par parenthèse déteste que ses copines l’appellent abla (grande sœur), informaticien le jour, est patronne la nuit d’un night-club où ses « filles », Ceren, Afet, Pompon, Gönül, Deniz et les autres, boivent, chantent et dansent (pour la bande-son, nous vous conseillons vivement, sur You Tube, 1970 ve 80’lerin Türk Pop Müzıkleri BU Radyo Nostalji,(2) ou Gönül Turgut, ou Ajda Pekkan…).

Elles se font aussi draguer par des messieurs bien sous tous rapports, gros commerçants ou petits industriels, venus sans leurs épouses – tous (ou presque) électeurs de l’AKP et pieux pratiquants.

– Bonsoir ! Tu es d’une beauté exquise, me dit-il d’emblée.

Quel menteur. Je n’avais rien d’exquis du tout. J’avais essayé un look rétro et grotesque, et je dois dire que c’était assez réussi. À l’entendre, j’avais l’air d’une Vénus.

Mais oui, sous l’Istanbul conservatrice et bigote d’aujourd’hui, ne l’oublions pas, c’est Byzance !

Qui donc se cache sous le pseudonyme de Cihad2000 (dans l’alphabet turc la lettre C représente le son « dj ») pour inonder de sourates et de slogans menaçants le forum de Burçak, « Les Filles nées garçons » ?

Et quel est le tueur qui semble avoir décidé d’éliminer tous les travestis dont le prénom d’origine est celui d’un prophète de la Bible ou du Coran ?

Istambul

Je ne lui ai pas demandé comment il se faisait qu’elle ait vu les fesses de Gül : à une occasion quelconque certainement. Alors comme ça, la petite Gül-Joseph était encore plus sensible au paraître que nous autres.

Aidé de son copain d’enfance, le commissaire Selçuk Taylanç, et de quelques amies de la « communauté », Burçak, dont la patience pour les petits travers de ses « filles » est infinie, autant que sa dent est dure pour les croquer en quelques traits, suit son intuition…

Ne jouons pas les Tartüffes (Cachez ce sein en silicone…), car les situations dites scabreuses et les détails dits crus ne manquent pas dans cette histoire de la moderne Istanbul.

Dont la morale pourrait être, en dépit des éteignoirs et des bonnets de nuit : il faut de tout pour faire un monde… vivable.

 

Hécatombe chez les élues de Dieu, Mehmet Murat Somer, 2003, 10/18

Et aussi : Meurtre d’un gigolo, 2002, 10/18, et On a tué Bisou, Actes Sud, 2007

[1] Dans L’empoisonneuse d’Istanbul, Petros Markaris, Seuil, 2010.

[2] 1h 43 non-stop de sirop de roses .

 

L'OBJET DU JOUR

Jacques Joulé est un des premiers compagnons de route du Banquet. Avant même qu’il existe. Il tenait alors auberge sur la Promenade, juste en face de l’école, à l’emplacement de l’actuelle épicerie. A coups de coqs au vin et de canards farcis, il prit une place déterminante dans l’invention du Banquet et ses premières éditions. Sa table était pour nous encore ouverte, chaque nuit vers deux heures, lorsque nous bouclions enfin dans les salles de classe, le quotidien du jour, Corbières Matin. Aussi est-il juste qu’aujourd’hui, reconverti en brocanteur curieux, il trouve enfin sa place entre ces lignes numériques. Le principe de cette collaboration est simple : nous dénicher, chaque jour, un objet très étrange, plus petit que son histoire…

LA BIBLIO DU CLOÎTRE

Tous les jours à 12h30 pétantes, Patrick Boucheron nous a emmené sur les grands chemins de l’Histoire et les petits sentiers du temps présent. Ou le contraire…

Voici les livres dont il a parlé tout au long de cette semaine. (cliquer ici)

 

LE TABLEAU DE FIN, ET A L'AN PROCHAIN !...

Jeanne Boyrie, « La Faim est une porte basse », technique mixte sur toile, 2010

ARCHIVES

CORBIERES MATIN 72


La frange et la preuve

Les habitués savent ce qu’est un Banquet plus réussi que les autres…

CORBIERES MATIN 71


Nada !

« Non, parce que là, ça ne ressemble à rien !…« 

CORBIERES MATIN 70


Hygiène du surplomb

« Il est doux, sur la haute mer, lorsque les flots sont soulevés par les vents… »

CORBIERES MATIN 69


Sur la frontière

On ne peut pas suivre une frontière. On ne peut pas marcher dessus…

CORBIERES MATIN 68


Le cœur battant

Les ateliers sont le cœur battant du Banquet…

CORBIERES MATIN 67


C’est parti pour le Banquet 2016

Les choses importantes ont toujours un début une fin…

CORBIERES MATIN 66


Cette honte bue

Personne ne se risquera à dire que nous ne savions pas. Ce qui se passe aujourd’hui en Grèce…

CORBIERES MATIN n° 65


Ce besoin de camps

Parce que dans cette région l’histoire de nos voisins espagnols est souvent mêlée à la notre…

CORBIERES MATIN n° 64


Le Banquet du Livre 2015 est terminé

Il s’est achevé, hier, par une journée remarquable, et surtout une soirée tout à fait exceptionnelle, celle que nous ont offert Serge Renko, Mathieu Riboulet et Patrick Boucheron.