L’histoire de Nourdine, on la connaît, ici, depuis l’année dernière. Croisée pendant le Banquet, cette jeune mère de trois enfants, originaire de Guinée Conakry et réfugiée en France, nous avait raconté son périple (voir Corbières Matin n°59, du lundi 10 août 2015). Mariée à un opposant emprisonné, soumise à la pression de sa famille qui souhaitait faire exciser sa petite fille, elle avait fui son pays et une vie sous menace constante. Arrivée à Lagrasse, elle avait peu à peu bâti une nouvelle existence, libre et responsable.

Une fois ses papiers obtenus, elle tente à présent, dans son appartement, à Carcassonne, de monter une entreprise de vente de tissus africains, sur les marchés, et par internet. Pour constituer son stock, elle est retournée cet hiver en Afrique, en Côte d’Ivoire, au Sénégal puis chez elle, en Guinée Conakry. Là, le but du voyage était tout autre : reprendre contact avec sa famille à qui elle a tourné le dos. Une épreuve, indispensable pour elle, qu’elle nous raconte…

A Carcassonne, la Cité Albignac est posée à flanc de coteau, au dessus de la gare. Quelques dés de béton fraîchement repeints, une barre en U que l’on vient de restaurer. En se penchant, on peut apercevoir à quelques mètres les platanes qui bordent le Canal du Midi. Par dessus les frondaisons, on distingue au loin les dernières tuiles faitières des tours de la Cité médiévale. La chaleur est une épreuve de plus. Dans l’appartement de Nordine, les fenêtres ouvertes, au nord et au sud, ménagent de précieux courants d’air. En bas, sur le parking décati, des voitures que l’on sent au bord du contrôle technique, quelques containers de poubelles, et le rebond lancinant du ballon de foot des gosses…

Nordine revient sur sa nouvelle étape, Carcassonne, l’autonomie de cet appartement, l’école pour les enfants, et par dessus tout, la solitude…

Reste son nouveau pari. Cette auto-entreprise de vente, pour distribuer ici, en France, les tissus chamarrés de l’Afrique de l’ouest. Nordine commence petit à petit à déballer sur les marchés, à Carcassonne, à Lagrasse, mais c’est sur internet que la boutique doit s’installer, à l’adresse guillerette de www.afrikchic.fr